Nouvelle série Fleurs, 2020-2024.

Fleurs n°14, Anémones et nus sur verre, 2023 © Ch. Beauregard

Cette série Fleurs a été initiée pendant le confinement à Paris, entre février et mai 2020 dans mon atelier du Bateau-Lavoir à Montmartre. Portraitiste, pendant cette crise sanitaire je ne pouvais plus photographier les êtres, les commandes et les projets se sont subitement arrêtés. J’ai donc dû reconsidérer mon approche photographique et me suis alors tourné vers la photographie de « nature morte »

Je me suis mis à photographier les fleurs, et à l’instar de mes précédentes séries, à étudier l’espace, la perspective, la lumière, les couleurs sans retouche de postproduction. La couleur sculptait l’espace, la liberté n‘était plus dehors, j‘essayais de la retrouver dans l‘atelier, dans le cadre de l‘appareil photo.
J’ai simplement imaginé que j’étais au théâtre, et que je découvrais sur la scène d’une pièce imaginaire des fleurs disposées dans le décor.

Fleurs n°2, 2024 © Ch. Beauregard

Ces fleurs évoquent cette rage, cette énergie de tous ces personnes qui privées de leur activité ont tout fait pour continuer. Elle se sont battues n’ayant aucune idée de l’avenir.
Puis petit à petit, en continuant cette série, je me suis mis à disposer autour des bouquets des petits objets trouvés dans la maison de mon père décédé quelques années auparavant, et des objets de mon enfance : des plaques de verre reproduisant des photographies de scènes pornographiques du début du XIXe siècle servant à commercialiser sous le manteau l'érotisme à Paris, des figurines, des modèles réduits, des objets touristiques...Ces natures mortes sont devenues des autoportraits.

Fleurs n°15, Pivoines et nus sur verre, 2024 © Ch. Beauregard

Par rapport à la notion traditionnelle de la photographie, ces objets "sans valeur" ou de "circulation courante" sont plutôt radicaux, et si ce n’est radicaux au moins différents. En photographiant ces « restes », ces objets peu couteux, souvent triviaux pour le spectateur, j’ai pensé que je pouvais justement diffuser ou normaliser cette « radicalité ». La photographie, les boitiers, les tirages, le papier, tout ça est traditionnel dans le genre de la « grande photographie». Ces petites voitures, ces reproductions sur verre, ces figurines ou produits folkloriques sont des formes éphémères et rapides de la consommation. J’avais besoin de soutenir cette vulgarité de l’objet par un genre photographique confirmé de la grande tradition photographique et picturale : la nature morte.

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